Solution ! Et je mets à l'honneur
ortografe, qui m'a répondu très joliment :
"Peut être, en son vallon, alors qu'il agonise
Le Dormeur de Rimbaud entend-il, tout à coup
L'horrible cliquetis du couteau qu'on aiguise
Avant de l'enfoncer dans le flanc d'un grand Loup ..."En effet, il fallait bien reconnaître :
La structure du "Dormeur du val" (d'Arthur RIMBAUD, 1870)C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.Avec
le vocabulaire de "La Mort du loup" (d'Alfred de VIGNY, 1843/1864)Les NUAGES couraient sur la LUNE enflammée
Comme sur l’incendie on voit FUIR la FUMÉE,
Et les BOIS étaient noirs jusques à l’horizon.
Nous marchions, sans parler, dans l’humide gazon,
Dans la bruyère ÉPAISSE et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des landes,
Nous avons aperçu les GRANDS ongles marqués
Par les LOUPS VOYAGEURS que nous avions traqués.
Nous avons écouté, RETENANT notre haleine
Et le pas suspendu. Ni le BOIS ni la PLAINE
Ne poussaient un soupir dans les airs ; seulement
La girouette en deuil CRIAIT au firmament ;
Car le vent, élevé bien au-dessus des terres,
N’effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les CHÊNES d’en bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs COUDES semblaient endormis et COUCHÉS.
Rien ne bruissait donc, lorsque, baissant la TÊTE,
Le plus VIEUX des CHASSEURS qui s’étaient mis en quête
A regardé le sable en s’y couchant ; bientôt,
Lui que jamais ici l’on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçaient la démarche et les griffes PUISSANTES
De deux GRANDS LOUPS-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos COUTEAUX,
Et, cachant nos FUSILS et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en ÉCARTANT les branches.
Trois s’arrêtent, et moi, cherchant ce qu’ils voyaient,
J’aperçois tout à coup deux YEUX qui flamboyaient,
Et je vois au-delà quatre formes légères
Qui DANSAIENT sous la LUNE au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à GRAND BRUIT sous nos YEUX,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse ;
Mais les ENFANTS du LOUP se jouaient en silence,
Sachant bien qu’à deux pas, ne dormant qu’à demi,
Se couche dans ses murs l’homme leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa Louve REPOSAIT comme celle de marbre
Qu’adoraient les Romains, et dont les FLANCS VELUS
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le LOUP vient et s’ASSIED, les deux jambes DRESSÉES,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s’est jugé PERDU, puisqu’il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa GUEULE BRÛLANTE,
Du CHIEN le plus hardi la gorge pantelante,
Et n’a pas desserré ses MÂCHOIRES de fer,
Malgré nos coups de FEU qui traversaient sa chair,
Et nos COUTEAUX aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en PLONGEANT dans ses larges entrailles,
Jusqu’au dernier moment où le CHIEN étranglé,
MORT longtemps avant lui, sous ses pieds a ROULÉ.
Le LOUP le quitte alors et puis il nous regarde.
Les COUTEAUX lui restaient au FLANC jusqu’à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son SANG,
Nos FUSILS l’ENTOURAIENT en SINISTRE croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le SANG répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses GRANDS YEUX, MEURT sans jeter un cri.
J’ai REPOSÉ mon FRONT sur mon FUSIL sans poudre,
Me prenant à penser, et n’ai pu me résoudre
À poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient VOULU l’attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux, la belle et sombre veuve
Ne l’eût pas laissé seul subir la GRANDE épreuve ;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
À ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l’homme a fait avec les ANIMAUX serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du BOIS et du rocher.
Hélas ! ai-je pensé, malgré ce GRAND NOM d’Hommes,
Que j’ai honte de nous, DÉBILES que nous sommes !
Comment on doit quitter la VIE et tous ses maux,
C’est vous qui le savez, sublimes ANIMAUX !
À voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse,
Seul, le silence est GRAND ; tout le reste est faiblesse.
Ah ! je t’ai bien compris, sauvage VOYAGEUR,
Et ton dernier REGARD m’est allé jusqu’au COEUR !
Il disait : « Si tu peux, fais que ton âme arrive,
À force de rester studieuse et pensive,
Jusqu’à ce haut degré de stoïque FIERTÉ
Où, naissant dans les BOIS, j’ai tout d’abord monté.
GÉMIR, PLEURER, PRIER, est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et LOURDE tâche
Dans la voie où le sort a VOULU t’appeler,
Puis après, comme moi, souffre et MEURS sans parler.
Et bravo aux 6 qui avaient la bonne réponse, dans cet ordre :
- jouons
- Bagoly (bienvenue !)
- ortografe
- petiteame
- nina62
- vance35
Sans oublier de mentionner
Ambroisie (qui avait identifié
la Mort du loup) et
CD46 (qui avait reconnu
le Dormeur du val) ...
In memoriam : cette énigme m'a été inspirée par les
Rimbaudelaires, un programme conçu en 1985 par
l'ALAMO (Atelier de Littérature Assistée par la Mathématique et les Ordinateurs, proche de l'OuLiPo). Mais c'est hélas un hommage posthume puisque l'ALAMO, association créée en 1982 par Jacques Roubaud & Paul Braffort, vient d’être dissout ce 28 janvier 2020...