Le corniaud et le flemmard
Maître au Barreau, dont j'ai ici parlé
Méditait tristement sur son âge.
Etre cornard, il l'avait supporté
Et il avait tourné la page.
" Et bonjour espèce de corniaud "
Pensait son clerc tout en disant bien haut :
- Mes respects Maître du Barreau,
Sans mentir, je vous rends hommage
Et j'admire votre bavardage,
Vous êtes tel le Félix des hôtes de Boiteàjeux.
A ces mots, le corniaud laisse éclater sa joie
Et pour montrer qu'il est le roi
S'agite et dit au clerc : - Laissez, c'est tout pour moi,
Prenez votre journée, votre semaine, un mois !
Le clerc s'en esbaudit sans rien laisser paraître
Et part en sifflotant rejoindre sa maîtresse.
Maître au Barreau ravi, oubliant la traîtresse,
Et se frottant les mains, se met vite à l'ouvrage.
Tout en ayant compris qu'il était bien cocu,
Il préférait qu'un seul s'en prenne à la vertu
D'une femme qui avait la moitié de son âge
Et qui sans un amant pouvait quitter sa cage.
Tel qui semble corniaud est parfois un peu sage,
Qui semble travailleur peut lâcher son ouvrage,
Tout n'est souvent affaire que de motivation
A chacun de savoir ce qui pour lui est bon !